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01/03/2013

Contributions aux thèmes nationaux du CHENE

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Marcel PAQUET

Philosophe, écrivain


Manifeste de Nouvelle Pigmentation

 

Nouvelle Pigmentation n’a de sens que dans un contexte politique et économique; il est le fruit d’une pensée picturale et philosophique qui s’est développée depuis les années soixante, mais trouve aujourd’hui les conditions de son essor et un rythme de croissance que rien n’arrêtera.

Pour le bien situer, il faut considérer l’Europe depuis 1945 : Le nationalisme socialiste avait été vaincu ; l’Etat allemand n’existait plus sous sa forme barbare et hitlérienne.

L’Allemagne entreprit alors sa reconstruction en créant du consensus politique à partir d’une croissance économique retrouvée et en se fondant pour ce faire sur ses Régions, ses « Länder ».

Cette reconquête de soi était entravée par l’Union soviétique qui entendait conserver la totale mainmise sur la part d’Allemagne que la Victoire des Alliés lui avait permis d’annexer.

Ceci conduisit à la construction du Mur de la honte et à son démantèlement.

Les causes de celui-ci sont doubles : le désastre économique du socialisme soviétique et la politique européenne qui avait été initiée par le Général de Gaule et le chancelier Adenauer, politique poursuivie un peu moins par Georges Pompidou et Willy Brandt, mais reprise vigoureusement par Giscard et Schmidt, Mitterand et Kohl, Chirac et Schroeder… (Il ne serait pas légitime pour l’instant de continuer ce parallèle)

En 1972, Brejnev se rendit à Bonn et obtint tout ce qu’il voulait en termes économiques et financiers, la contrepartie était demeurée secrète pour encore 50 ans. Il ne fallait pas être un génie pour savoir que le Mur cesserait d’exister avant l’an 2000.

Gorbatchev n’y fut pour rien.

L’Allemagne pouvait commencer l’achat de sa réunification, quitte à sacrifier la vie des Européens du Sud.

Elle pouvait accomplir la politique de l’Est menée par Willy Brandt et mettre définitivement fin à cette grande et vivante culture allemande qui était toute entière tournée vers la France, depuis Tübingen et l’arbre de la liberté, depuis la source du vent du Nord Est qu’Hölderlin aima jusqu’à « la belle Garonne et les jardins de Bourdeaux », depuis Weimar, patrie de Goethe où l’on pensait encore à Julien Tanguy, le broyeur de pigments, communard et bagnard, honneur de la République de Montmartre qui échangeait ses couleurs contre les chefs-d’œuvre dont nul ne voulait, ceux de ses principaux clients : Van Gogh, Monet, Cézanne, Gauguin…

Cet amour de la peinture et des recherches pigmentaires qu’elle implique avait repris à Weimar avec le Bauhaus créé par Gropius en 1919 et son atelier de la couleur où se retrouvaient Kandinsky, Itten, Klee, Mondrian…

S’inspirant de la politique socialiste de Staline et de son réalisme qu’il admirait tant, Hitler détruisit le Bauhaus en 1933, soit dès les premiers temps de la Saint-Barthélemy de douze ans qu’il allait imposer à son peuple, à l’Europe et au Monde.

« Bauhaus » est le renversement du mot « Hausbau » : construction de Maison. Il signifie « Maison en cours de construction » et la Maison dont il s’agit est la cathédrale de l’avenir, la maison de l’être et de la pensée, de l’art et de la philosophie, celle où il fait bon vivre en la compagnie des créateurs.

Cet élan brisé par Staline et Hitler n’a pas retrouvé souffle dans une Europe qui compte, mais ne pense plus, qui n’a plus d’autre idéal qu’une croissance monétaire n’enrichissant que les banquiers et d’autre culture qu’une barbarie médiatique imposant à coups de chaînes, de grilles et d’écrans une monstrueuse et insoutenable vulgarité.

L’abjecte réalité virtuelle incarne avec une force jamais atteinte dans l’histoire du monde le nihilisme et sa version politique, le fanatisme, le nihilisme et sa version économique, l’économisme qu’il soit socialiste ou libéral.

Seul le mouvement gaulliste est un mouvement éthique susceptible d’inspirer une politique et une économie qui soient finalisées par la vie des hommes.

Mais ce serait sans aucun doute trop long à démonter dans le cadre mesuré de ce manifeste.

Nous nous en tiendrons à ceci que les crimes de Staline et de Hitler ont payé : l’Esprit des ateliers du bois, du verre, de la pierre et pour ce qui nous concerne de la couleur, c’est-à-dire des pigments et de la substance qui les lien’a pas survécu.

Certes, il y eut après 1945 des tentatives de reconstruction en Suisse (Max Bill) et même en Europe avec l’allemand Ernst-Willem Nay ou le superbe belge Bram Bogart, mais il était somme toutelogique d’espérer que le flambeau fût repris par l’abstraction expressionniste américaine, le Color Field ou l’abstraction euro-américaine des Lucy Baker, ( USA), Joseph Drapell ( Tchéquie), Ben Woolfitt (Canada)…

Il n’en fut rien : le réalisme populiste des boîtes de soupe publicitaires et les gags de potache de Duchamp ont parachevé triomphalement le travail de Staline et de Hitler.

Mais qui peut croire que l’on montre encore de la peinture ?

Nouvelle Pigmentation a besoin d’un Institut renouant avec l’étude et la création de la peinture et de la philosophie, besoin d’une résistance gaullienne à la culture consommée plutôt que vécue.

 

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