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09/12/2009

Identité ou unité nationale ?

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TRIBUNE - La garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie livre sa conception de l'identité nationale, dans un texte cosigné par 50 parlementaires membres du Chêne, le mouvement qu'elle préside.

La France, ce sont 36 000 communes, 22 régions, 100 départements, dont 4 d'outre-mer. Des villes, des territoires ruraux, des paysages montagneux, maritimes ou de plaine. Ce sont 65 millions de Français, et presque autant d'opinions, d'idées et de caractères.

Et pourtant, la France composée d'identités régionales fortes, issue d'apports ethniques aussi permanents que divers, façonnée par l'histoire et les expériences communes, n'est jamais autant elle-même que quand elle est unie. Le débat sur l'identité nationale conduit à la question plus fondamentale de l'unité nationale. Les Français ont-ils la volonté de vivre ensemble, l'envie de partager un destin commun ? Vivre ensemble exige l'acceptation de règles communes, de valeurs partagées. Les valeurs expriment l'adhésion à une conception analogue de l'individu, de la famille, de la société. Les règles déclinent ces valeurs de démocratie, de respect de l'homme, de tolérance et de liberté. Nos valeurs sont nées et se sont affirmées à travers notre histoire, ses grandeurs et ses parts d'ombre, les épreuves et les réussites. Elles participent à l'identité nationale. Mais l'unité nationale ne se résume pas à une référence au passé qui a construit notre État. Elle n'est ni nostalgie ni conservatisme. Elle est aspiration, mouvement qui appelle au rassemblement, qui ouvre les bras à ceux qui partagent la volonté de construire un avenir commun.

Fondé sur nos valeurs partagées, le sentiment d'une communauté de destin ne saurait être acceptation fataliste ou repli frileux. Il est porteur d'espoir, d'ambitions, de vision. Avons-nous envie de partager un avenir et un destin communs ? L'interrogation est encore plus fondamentale à l'heure de l'Europe et de la mondialisation, des concurrences économiques exacerbées, de la montée des extrémismes, des tentations communautaristes, de la contestation des schémas culturels et sociaux.

Il est temps de réfléchir aux moyens de protéger cette unité qui a toujours fait notre force et notre ouverture aux autres. Sûrs de nos valeurs communes, nous sommes d'autant plus capables de dialoguer et de tendre la main. Réaliser cette ambition de vivre ensemble exige le respect de chaque citoyen, la reconnaissance de son droit à participer aux choix essentiels et à bénéficier des avancées communes.

Associer les citoyens aux choix essentiels, c'est la caractéristique et la finalité de notre démocratie. Les élections la concrétisent. Mais le choix offert aux Français n'est pas uniquement celui des hommes. Il est celui de la société à construire, des réformes à mener, de la capacité à réaliser les engagements pris. Les Français veulent savoir où on les emmène, vers quelle France, vers quel destin. Ils ont besoin d'imaginer comment leur propre avenir se dessine dans ce mouvement. Ils comparent l'action aux engagements, manifestant souvent déception, impatience ou incompréhension.

Une exigence nouvelle est née pour les dirigeants : celle de l'explication permanente, de la mise en perspective générale. Les Français ont besoin que, régulièrement, les gouvernants leur rappellent le but, leur montrent comment chaque réforme construit une part du puzzle, leur donnent les moyens d'évaluer les avancées successives. Cela appelle une sorte de nouvelle planification démocratique.

Partager l'envie d'un destin commun c'est aussi se sentir pleinement associé aux réussites de son pays, en contrepartie des efforts fournis. Garantir l'unité nationale exige d'assurer à chacun un égal accès au service public, aux services de santé, à la justice, à la formation. Les contraintes existent, mais nous croyons profondément qu'il n'y a pas de fatalité en la matière. Personne ne doit avoir le sentiment d'être laissé au bord du chemin parce qu'il n'habite pas une métropole ou un centre-ville.

Cela appelle un aménagement du territoire renouvelé et volontariste, une conception nouvelle du service public. Les évolutions technologiques permettent de répondre de plus en plus, de mieux en mieux, au souci d'un service public de proximité en écho au besoin de chacun d'être reconnu à l'égal de l'autre.

C'est la nouvelle frontière de l'unité de notre nation, sachant utiliser le meilleur du savoir d'aujourd'hui pour renforcer les liens tissés au cours des siècles. Pour une nation comme la nôtre, fière de son identité et de ses valeurs, la mondialisation, l'individualisme et la coexistence des communautés ne sont pas des dangers en eux-mêmes. Le véritable risque, c'est de tenir pour acquises les valeurs qui nous lient, au risque d'oublier de les faire vivre au quotidien et de les projeter dans l'avenir.

Le véritable risque serait de laisser dépérir l'espoir et la confiance dans notre destin commun, faute de savoir montrer la cohérence, l'ambition et la finalité de notre action, au bénéfice de chacun et de la nation tout entière. Le véritable danger, c'est celui de la désunion. Condition première de la pérennité du pacte républicain, la cohésion nationale est l'une des clés de l'avenir de la France.

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