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22/06/2009

Sur le thème : "Comment concilier efficacité, équité et respect des libertés dans notre système judiciaire ?"

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Colette CADIEU
HENDAYE

«  OUTREAU »

 

Un homme dénonce auprès des Médias ce que seul un juge d’Instruction, en premier, était habilité à entendre et à recevoir, tant les faits étaient graves.

Pourquoi cet homme s’est-il d’abord tourné vers les Médias, plutôt que de s’adresser à la Justice ?

S’ensuivit une surmédiatisation du déroulement de l’enquête et de l’instruction, jusqu’à des indiscrétions de la part des milieux proches de l’enquête, voire des enquêteurs eux-mêmes, normalement tenus au secret professionnel.

Avait-on déjà oublié que les principales victimes étaient des enfants ? A qui l’on doit, en premier lieu,  assistance et protection.

Avait-on déjà oublié que toute personne est présumée innocente jusqu’à ce qu’elle soit jugée,  et que la détention provisoire n’est pas une condamnation mais une mesure de précaution, voire de protection ?

 Des vies de femmes, d’hommes, de familles et de leurs enfants ont été brisées à jamais.

Je doute que l’on puisse réparer un jour.

 Un Procureur Général de la Cour d’Appel de Paris donnera une conférence de Presse pour présenter des excuses publiques avant que les Juges des Assises n’aient délibéré ! La Justice reconnaissait devant ces femmes et ces hommes qu’elle s’était trompée alors qu’ils n’étaient pas encore acquittés !

 Qu’est-ce qui ne va pas, ou ne va plus dans nos Institutions pour que les règles élémentaires de déontologie ne soient pas appliquées ? Et que la part belle soit faite à la Presse au point que celle-ci ne respecte plus ni l’intégrité morale, ni la vie privée de l’individu. En matière de Droit il me semble que cela porte un nom : diffamation, atteinte à la vie privée. Et que cela tombe normalement sous le coup de la loi.

 Dans cette affaire la Presse semble s’être substituée à la Justice, aux services d’enquête, causant des dommages considérables, des préjudices d’ordre moral et psychologique que nul ne peut aujourd’hui ignorer.

 Le Juge Burgaud avait à peine six mois d’ancienneté dans la magistrature.

Le Juge d’Instruction étant,  par vocation,  un homme seul, cette affaire étant « hors normes », récupérée dès le départ par la Presse,  ce magistrat était-il dans les conditions requises pour instruire en toute sérénité ? …

 [ « … Peut-on espérer après de telles dérives remettre chacun – législateur, juges, médias.- à sa place ?… » (Sabine Mariette, Conseillère à la Cour d’Appel de Douai – Syndicat de la Magistrature). ]

 [ « …C’est un fait :  dans leur acharnement à bafouer la présomption d’innocence et à prononcer le verdict avant tout procès, les médias ont contribué à légitimer, voire conforter l’acharnement de la machine judiciaire contre les accusés d’Outreau, avant que ceux-ci ne soient acquittés… » ( par Thibaut Cara, Observatoire des Médias ACRIMED, article du 30/01/06).]

 Un tel constat ne peut que faire froid dans le dos. Car La Justice ne fait pas que condamner, elle est également censée protéger le citoyen, quel qu’il soit. Outreau nous a malheureusement démontré que nous ne pouvions pas nous en remettre à son impartialité. Sachant d’autant plus qu’au bout de la route il y a l’univers carcéral où l’être humain perd tout son sens, son humanité, sa dignité. La France,  Pays des Droits de l’Homme,  a été « pointée du doigt » pour l’état de ses prisons.  Justice et Administration pénitentiaire sont indissociables, or ces deux Institutions vont mal. Il est à souhaiter ne jamais avoir à répondre devant la Justice, comme de connaître les prisons françaises.

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