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22/10/2008

Patrick Ollier : «Je me réjouis du retour de l'Etat»

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Propos recueillis par Julie Cloris et Bernard Mazières

Le parisien

L'INVITE DU MERCREDI. Président de la Commission des affaires économiques, de l'environnement et du territoire à l'Assemblée nationale, maire de Rueil-Malmaison et député UMP des Hauts-de-Seine, Patrick Ollier, 63 ans, se félicite que l'Etat retrouve son rôle de régulateur dans la crise financière qui secoue la France et le monde.

Pour ce gaulliste, compagnon de Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, les pouvoirs publics ont les moyens "d'empêcher les dérives et les perversions du système capitaliste".

 

Le projet de loi de finances examiné par le parlement est-il réaliste compte-tenu des conséquences de la crise financière?

Patrick Ollier. La crise financière mondiale a bien sûr un impact. Mais tel que le gouvernement présente le projet, il est raisonnable. D'autant qu'il a déjà été modifié et qu'il le sera encore au cours de la discussion pour l'adapter aux circonstances. Je fais partie de ceux qui pensent que nous avons les moyens de faire face à la crise et de ceux qui sont d'un optimisme raisonnable. Je ne veux pas tomber dans un pessimisme chronique. Le catastrophisme n'est pas dans ma nature.


Il est pourtant basé sur une prévision de 1% de croissance. Même Christine Lagarde n'y croit plus et parle d'une "situation très sérieuse" et d'une crise "appelée à durer".
Il faut tabler sur une croissance entre 0,5 et 0,8%. La crise n'est pas finie. Il faut donc tout mettre en oeuvre pour que le tissu économique soit revivifié. Les mesures d'aides sont de nature à apporter des garanties en crédit dont les entreprises ont besoin. Ce serait dramatique qu'une crise sociale s'ajoute à une crise financière et économique.


Acceptez-vous les critiques de la gauche et même de Dominique de Villepin affirmant que ce projet de budget est à jeter?
Mais il n'est pas exclu qu'il y ait des lois de finances rectificatives! Nous sommes dans une situation de crise, rien ne peut être établi à l'avance. Les critiques sont plus de l'ordre politicien que de l'ordre économique.


Alors 10,5 milliards d'euros injectés dans six banques françaises, n'est-ce pas difficile à comprendre pour les Français?
Ce n'est pas un cadeau qu'on leur fait! Ce n'est pas une prise de capital. L'Etat y retrouvera son dû. Il y a quinze jours le gouvernement a pris des mesures pour débloquer 40 milliards d'euros afin d'apporter un soutien aux banques en cas de besoin. Aujourd'hui, six d'entre elles expriment le besoin d'avoir ce soutien. C'est un prêt qu'elles rembourseront à l'Etat avec des intérêts. L'Etat joue le rôle de banquier aux banquiers. L'objectif est de rétablir la confiance entre les banques pour qu'elles se prêtent à nouveau entre elles.


Avec ces milliards d'euros, difficile de respecter les critères de Maastricht?
Je suis pour que l'on respecte au mieux les critères de Maastricht mais ces critères ne sont pas la table des lois à laquelle il ne faut jamais toucher. Aujourd'hui, il y a une crise provoquée par les USA et dont l'Europe est la victime, on ne peut pas rester les bras croisés en criant Maastricht, Maastricht!


Les socialistes vous ont-ils déçu en s'abstenant sur le plan de soutien aux banques?
Nous sommes le dernier pays d'Europe où le PS est toujours coincé entre un complexe marxiste d'une vision de la société et une envie de social-démocratie! C'est un peu triste.

"DES EXCES INSULTANTS ET SCANDALEUX"


Les impôts n'augmenteront-ils pas pour les Français?
Il n'est question ni d'augmentation ni de baisse d'impôt dans le cadre du budget. Il est question de justice fiscale et d'assainissement du système capitaliste. Je suis gaulliste et je considère que l'Etat a un rôle à jouer. Nicolas Sarkozy s'inscrit aujourd'hui dans cette logique. Je me réjouis du retour de l'Etat, je l'ai toujours souhaité. Je regrette simplement qu'on ait attendu la crise pour le voir réapparaitre.


Un rôle de régulation pour l'Etat seulement. Ne doit-il pas renationaliser certains secteurs?
Non. Mais il doit empêcher les dérives et les perversions du système capitaliste. Je ne souhaite pas le rétablissement du contrôle des changes mais l'Etat a les moyens d'éviter que certains aillent planquer leur argent dans les paradis fiscaux, il faut punir les responsables de ce genre d'évasion. Interdire aussi les parachutes dorés. Les Etats doivent se mettre autour de la table pour mettre un terme à ces excès et donner de nouvelles règles au capitalisme. En France, il faut aussi lutter contre les effets d'aubaine et les niches fiscales. Nous avons créé le bouclier fiscal ce n'est pas pour que certains profitent de manière inacceptable du système fiscal français. Je me réjouis de la pugnacité de Nicolas Sarkozy dans cette affaire.


Faut-il que banquiers et PDG aient une rémunération maximale?
Il ne faut pas que ceux qui plantent les entreprises partent avec des parachutes dorés. La loi doit imposer cette mesure. Quant à la rémunération, elle doit être fonction de la performance et de la réussite. Je ne suis pas jaloux du salaire d'un grand patron qui réussit.


Pourquoi pas un grand plan de relance pour soutenir l'emploi et le pouvoir d'achat?

Un plan de relance par l'investissement pour soutenir les entreprises, oui. Mais non à une relance par la consommation. C'est artificiel. Sur ce sujet nous aurons un débat avec la gauche.


Est-ce suffisant?
Il ne faut pas se leurrer, le contrecoup de la crise mondiale sera rude. Il y a déjà des plans sociaux drastiques dans les multinationales qui touchent des entreprises situées en France.


Selon vous, le capitalisme était-il devenu fou?
Oui. Il faut assainir. Ce sont des excès insultants et scandaleux pour tout le monde, notamment les plus précaires. J'espère que la violence de la crise a fait prendre conscience à tous qu'il fallait réguler ce système.


Le Grenelle de l'Environnement vient d'être adopté à l'unanimité (ou presque) par les députés...
Nous avons eu une démarche consensuelle pour construire un texte le mieux équilibré possible. Nous avons réussi. Des amendements de l'opposition ont été retenus. C'est une loi fondamentale. Elle est essentielle pour chacun, vous et moi. Les comportements vont devoir changer au quotidien au moment de son application. Et la crise financière n'aura pas d'impact sur cette loi car elle va permettre de générer des économies et de stabiliser l'emploi dans le bâtiment.


L' "affaire" DSK, patron du FMI, révélée par la presse américaine, vous choque-t-elle?
Très sincèrement, ces mélanges de vie privée et vie publique sont exaspérants. Je trouve regrettable que l'on mette en exergue la vie privée. S'il a commis un abus de pouvoir, c'est une autre histoire, Il doit être sanctionné.


Dans 15 jours, c'est l'élection présidentielle aux Etats-Unis. Etes-vous plutôt Obama ou plutôt McCain?
J'ai mal vécu la présidence Bush. Mon sentiment personnel, c'est Obama. Il a assez d'énergie pour transformer l'état d'esprit ce cette vieille Amérique et en faire à nouveau un modèle vertueux, notamment en ce qui concerne l'écologie.


Que vous inspire la disparition de Soeur Emmanuelle?
C'est une perte pour l'humanité. Elle était un symbole de la lutte contre la pauvreté et la précarité. Elle a provoqué une prise de conscience.
Après la présidence française de l'Union européenne, on évoque un remaniement ministériel.

Etes-vous candidat à un portefeuille?
(rires). Personne ne m'a demandé de rentrer au gouvernement et je ne suis pas candidat. En plus, il est difficile d'avoir deux membres de la même famille (NDLR. Patrick Ollier est le compagnon de Michèle Alliot-Marie) dans un même gouvernement!

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