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28/10/2007

Michèle Alliot-Marie : « Il faut encore renforcer la sécurité des stades »

Propos recueillis par Stéphane Albouy, Damien Delseny et Farid Zouaoui

dimanche 28 octobre 2007 | Le Parisien

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Interdictions de stade prolongées ou sanctions dès le premier acte violent, la ministre de l'Intérieur nous précise les prochaines mesures antiviolence qui renforceront le dispositif en vigueur depuis peu, dont un fichier national des hooligans.

IL Y A près d'un an, le 23 novembre 2006, la mort d'un supporter du PSG, Julien Quemener, après des combats de hooligans parisiens aux abords du Parc des Princes (Paris XVI e ), endeuillait une nouvelle fois le monde du football. Foot pro, amateur ou féminin : de l'injure aux « fights », ces bagarres organisées autour des matchs, plus aucun stade n'est épargné par des violences, même si les statistiques montrent plutôt une stabilisation au cours des dernières saisons. Le renforcement des dispositifs de sécurité lors des rencontres, mais aussi de l'arsenal répressif à l'encontre des hooligans, est constant.

La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, qui visitera ce soir le PC de sécurité lors du match PSG - Lyon, en expose ici les prochains jalons.

Vous êtes à l'origine de la première loi anti-hooligans en 1993. Près de quinze ans plus tard, le problème reste entier ?

Michèle Alliot-Marie. Les textes existent, les fédérations agissent. Des progrès ont été réalisés. Pourtant, on constate encore des incidents graves, à la fois dans les stades et autour des enceintes sportives. Le sport doit représenter une fête et un moment de convivialité. Malgré les interdictions de stade prononcées, certains perturbent encore la sécurité des matches. Il faut donc renforcer celle-ci.

Il y a eu 50 interdictions de stade depuis le début de la saison de football. On en comptait 346 la saison dernière. Est-ce la principale arme anti-hooligan ?

C'est le moyen préventif le plus efficace. J'ai donc, dès le mois d'août, rappelé aux préfets que, depuis la loi de janvier 2006, ils pouvaient prononcer ces interdictions de stade en dehors de toute poursuite pénale. J'ai aussi décidé que l'obligation de pointage, qui contraint les interdits de stade à se rendre dans un commissariat ou une gendarmerie, se ferait désormais à la mi-temps des rencontres et dans un lieu suffisamment éloigné du stade. Cela évitera les fraudes, car certains, qui pointaient juste avant ou juste après une rencontre, assistaient ainsi au match malgré l'interdiction qui pesait sur eux.

Existe-t-il une liste de ces « bannis » ?

Je viens de créer le Finis, un fichier national des interdits de stade, qui permet aux forces de l'ordre de vérifier quasi instantanément la présence d'un supporter soumis à une interdiction, dans ou à proximité d'une enceinte sportive. Le dispositif a été validé par la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés) en juillet.

« Il faut veiller de façon plus stricte au comportement du public »

Peut-on imaginer ce fichier au niveau européen ?

C'est un dossier complexe. Les clubs et les fédérations ont fait des progrès dans le contrôle de leurs supporters durant les déplacements. Il n'y a cependant pas de système d'échanges systématiques entre les pays et leurs forces de police. Il y a des réticences et des obstacles juridiques. Pour les surmonter, il faudra rentrer dans le cadre des coopérations renforcées qui seront possibles après la ratification du nouveau traité européen.

Faut-il alourdir les sanctions ?

Dans le cadre de la prochaine Lopsi (loi d'orientation sur la sécurité intérieure), je proposerai que la durée maximale de l'interdiction administrative de stade passe de trois à six mois. Cela permettra de couvrir la quasi-totalité d'une saison. Il faut aussi pouvoir punir dès le premier acte de violence grave. A l'heure actuelle, il faut plusieurs faits successifs.

Peut-on imaginer des sanctions d'interdiction définitive de stade ?

Juridiquement c'est impossible. Le maximum aujourd'hui est fixé à cinq ans sur décision d'un juge.

Le Sporting Club de Bastia a été sanctionné sportivement après des insultes racistes proférées dans son stade. Est-ce une bonne décision ?

La Ligue de football professionnelle a bien réagi. C'est une façon d'expliquer à tous les clubs et aux associations de supporters qu'il faut veiller de façon plus stricte au comportement de leur public. Il y a des propos et des façons de faire monter la pression dans les stades qui poussent les spectateurs à la violence. Je l'ai dit à certains responsables de clubs. C'est le football, pas la guerre. Aux grands clubs de donner l'exemple pour éviter les phénomènes d'imitation dans les sections amateurs et chez les jeunes joueurs.

Pourquoi y a-t-il toujours autant de fumigènes introduits dans les stades ?

Les fumigènes sont très difficiles à détecter. Des contrôles sont effectués, mais il arrive trop souvent qu'ils aient été introduits dans le stade et cachés avant les matches.

« Ces sanctions concourent aussi à la prévention, car elles sont plus dissuasives »

Les dirigeants de clubs ne ferment-ils pas trop les yeux sur ce point ?

Je ne le pense pas mais, si c'est le cas, je me chargerai de les leur ouvrir.

La Coupe du monde de rugby s'est déroulée sans incident. En sera-t-il un jour de même pour le foot ?

Le football a fait des progrès. Il y a eu une prise de conscience collective. Aujourd'hui, nous durcissons les sanctions pour assurer la sécurité des joueurs, des arbitres et des spectateurs. Ces sanctions concourent aussi à la prévention, car elles sont plus dissuasives. Je veux que l'on puisse venir sans crainte avec ses enfants dans les stades de football.

18:15 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ump, mam

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