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19/11/2010

Sur le thème : "Renouer le dialogue social... Assurer la cohésion nationale... Garantir le pacte républicain... : au-delà des mots, comment peut-on réussir le "Vivre Ensemble" ? ».

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Constance VILFROY

PAU

Dialogue, cohérence sociale, volonté de vivre ensemble, voià des thèmes cardinaux au sein d'une République.

Quoi de plus important pour une nation que de perpétuer, renforcer et transmettre ce lien sacré qui unie les citoyens entre eux ? En effet, vivre ensemble ,cela signifie partager une Histoire et des valeurs communes, assurer une société juste où chacun puisse trouver sa place et exprimer sa voix, ainsi que de permettre aux générations futures d'intégrer ce grand tout.

Aussi, peut-on dire que ce sujet recoupe tous les autres : éducation, emploi, justice ...rien n'est vraiment étranger à ce fragile équilibre, cette mise à l' épreuve des aventures de la réalité qui fait des Français un peuple et non, une simple population dans un " espace-France ".

 

    Avouons néanmoins que toutes ces notions se dévoilent au quotidien, d'une façon bien abstraite .Pour poser le débat, je crois, qu' il est nécessaire de le faire partir d' en bas, de descendre dans le nouveau monde concret. Donc, "au-delà des mots", comment se manifeste dans la vie de chacun, aujourd'hui "vivre ensemble" ?

 

Pour ma part, je dois reconnaître ne plus tout à fait entendre le sens de ces mots. Tout se passe comme s' il demeurait un écart certain entre le mot et le fait. Confusément, j'ai le sentiment de vivre dans un monde anomique, déstructuré et déstructurant .Tout semble fait pour vous déboussoler. Déboussolée, je le suis ;si je prends ma propre situation ,j'ai pourtant fait des études universitaires ,diplômée d' une licence de philosophie ( une situation précaire a fait que je n'ai pas pu terminer mes travaux de maîtrise sur le réseau de lignes des enfants autistes tracé par Deligny que j'avais lié avec l'oeuvre de Vieira Da Silva :"L' événement "," Le promeneur invisible "," Soleils "), je demeure depuis dix ans à la recherche d' un emploi. Passant de bilans de compétences où l'on est compétent en rien puisqu'on n'a droit à aucune formation ,en stages peu ou pas rémunérés où l'on s'excuse d'être exploitée, en entretiens aussi réguliers qu' inefficaces au Pôle Emploi, pôle de conversations sans grande compréhension avec un interlocuteur absent parce qu' on est le demandeur d' emploi de trop ,comment dans ces conditions qui durent depuis maintenant un tiers de ma vie, ne pas considérer cette vie comme une vie à l'envers ,allant à la rencontre de rien ,vers cap au pire .Bien sûr, la vie est un combat ,une lutte perpétuelle pour être reconnue, je voudrai vivre, cependant, ma vie m'apparaît parce que ça dure depuis trop longtemps ,comme une impasse .L' espace inhabitable d'une détresse comme point d' arrivée ,sans réelle voie d'accès pour l' inverser cette fragilité, en valeur positive. 

Au lieu de vous orienter, ce système vous désoriente .Il n' y a personne pour traiter la situation ,pour vous former, travailler le réel, pour vous ouvrir le monde du travail et connaître l'autonomie .Pour, ne serait-ce qu'une fois, vous maintenir la tête hors de l'eau .Pour un rendez-vous de responsabilité ,pour prendre enfin son destin en main, pour envisager le "vivre-ensemble" sous un jour nouveau. On se demande vraiment si à tout labyrinthe, il y a une issue et tout cela vous laisse en définitive dans un état de profonde déréliction.

 

    Et puis, il suffit d'écouter autour de soi ;le sentiment d'injustice est très palpable. Le moi émergé se contente de stratégies de survie, le moi secret suffoque. Les gens ordinaires, les exposés, qui n'ont pas les moyens de vivre dans un château avec garde mobile autour et boules dans les oreilles ,ceux qui ne sont pas bien nés et qui n'ont pas la voie royale devant eux ,non seulement ne trouvent pas de travail ou, qu'à temps partiel ,sans cesse fragilisés ,sans lien, soumis à la précarité qui n'en finit plus de durer ,et bien ,ces peu protégés n'osent même plus rentrer dans leur immeuble de peur de se faire bouffer, avec ce noeud au ventre et personne pour dénouer. Pour retrouver vos clés, perdues et tombées dans le noir, pour s' adapter et puis, réussir à retrouver la lumière, et pourquoi pas réussir pour s' épanouir dans nos vies quotidiennes. Tout se passe comme si ce n' était pas la protection sociale qui plombait l'économie, mais, le chômage.

 

   On peut finir par douter de ce qu'à bien pu vouloir signifier cette idée socialement utile de "réussir le vivre-ensemble ",la contribution de tous au bien être de tous, ce n'est pas le Souverain Bien, il s'agit de survivre malgré l'ensemble -autant dire ,bon débarras de soi.

Partant de ce constat, que faire? Le faire accompagne la pensée dans un rapport à soi et à autrui, tout sujet est fils du langage or, on a le sentiment de n'être jamais entendue, nous-mêmes d' avoir l'oreille esclave, avec cependant une fragile espérance ,on ne sait où trouver celui-qui-sait ce qui doit changer et donc connaît le concret, l'image du monde en question et comment ce changement peut-être concrètement réalisé. Si l' on veut prévoir le concret comme défi, le "vivre-ensemble" sous une forme concrète ,il faudrait trouver une meilleure expression de la volonté populaire, améliorer la politique de l'orientation à l' école, avoir une gestion plus appropriée de ceux qui cherchent un emploi et la voie de la responsabilité et les moyens de ranimer en soi une certaine souveraineté .

Pour réussir le "vivre-ensemble ",la règle d'or serait:" Comporte-toi envers les autres comme tu voudrais que l'on se comporte envers toi ".

 

  Or, nous sommes tous égaux face au hasard .Il suffit d'un peu de chance .La chance de ce "vivre ensemble" ,d'y réussir, si l'on veut croire qu' il ne s'agisse pas d'une mission irréalisable mais d'une réalité résidant dans l'actualité la plus vive ,serait alors de trouver le bon interlocuteur, un interlocuteur fort parce que l'essence de la parole est dans le dialogue, qu'elle s'incarne dans la rencontre et, qu'une vraie rencontre cela se fait en quelques instants. Les solutions du "vivre-ensemble" ne peuvent naître qu'entre les hommes qui les cherchent ensemble ,dans le processus de leur communication dialogique. La mise est semblable à la crise :le "réussir le vivre-ensemble" est comme sur un seuil .

 

   Au-delà des mots, comme la naissance d'un pont entre le mot et le fait, la chance du "vivre ensemble", serait la chance de vivre un-angle-d'attaque-nouveau ensemble et trouver celle ou celui qui éclairait le chemin, parce qu'on voudrait connaître et savoir et se rendre utile aux autres ,le mentor qu'on reconnaîtrait d'autant qu'on n'a plus de lumière. Quelqu' un. Qui ,avec quelques branches prises sous un arbre solide vous aiderait à construire un radeau ,pour nous conduire hors de notre prison, pour écrire notre raison d' être. Mots pour maux.

 

 

Commentaires

Je ne peux qu'applaudir.
Une journée est consacré à la parole de l'enfant le 24 février prochain à l'institut de criminologie Université Paris 2, avec Marie-Christine Gryson-Dejehansart. Il faut lire et faire connaître son livre "Outreau, la vérité abusée", Hugo Editeur.
A bientôt.

Écrit par : pierre cretien | 17/02/2011

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