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28/12/2008

L’INVITÉE DU PARISIEN : MICHÈLE ALLIOT-MARIE

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Ministre de l’Intérieur et numéro trois dans l’ordre protocolaire gouvernemental, Michèle Alliot-Marie assure l’intérim à la tête de l’Etat pendant que Nicolas Sarkozy et François Fillon sont en vacances. Une bonne occasion de faire avec elle un tour de l’actualité.

Propos recueillis par Didier Micoine, Stéphane Sellami et Henri Vernet

Le PARISIEN.

Nicolas Sarkozy et François Fillon étant à l’étranger, vous assurez l’intérim aux commandes de l’Etat. Qu’est-ce que cela implique ?
Michèle Alliot-Marie.
Cela implique simplement d’être en alerte sur l’ensemble des sujets.

Cette tâche est d’ailleurs dans la continuité des fonctions d’un ministre de l’Intérieur. S’il se produit des événements extrêmement importants, je suis de toute façon en liaison avec le président de la République et le Premier Ministre.

Sarkozy vous appelle-t-il tous les jours ?

Non ! Chacun a droit à du repos, surtout après la période extrêmement dense de la présidence française de l’Union européenne. Le président de la République, qui a eu en plus à gérer la crise en Géorgie et la crise financière, aura été sur le pont 24 heures sur 24.

Disposez-vous du code nucléaire ?

Sur cette question, il y a des procédures précises, mais secrètes. C’est un sujet que je connais bien, ayant été ministre de la Défense.

Le PS dénonce une « vacance » du pouvoir. Partir au soleil (le Brésil pour le chef de l’Etat et l’Egypte pour François Fillon), n’est-ce pas maladroit en pleine crise ?

A aucun moment il n’y a vacance du pouvoir et ces critiques me paraissent déplacées. François Mitterrand avait l’habitude de passer des vacances en Egypte, je ne me souviens pas que l’on ait trouvé cela anormal. Tout le monde peut comprendre que le président passe les fêtes dans la famille de son épouse.

Comment réagissez-vous à l’affaire de l’infirmière placée en garde à vue après son erreur fatale ?

Je pense au drame humain que cela représente pour la famille de ce jeune enfant et aussi pour l’infirmière qui a apparemment commis cette erreur dramatique. La justice étant saisie, je n’ai pas d’autre commentaire à faire.

L’urgentiste Patrick Pelloux a réclamé la démission du ministre de la Santé…
Ce genre de polémique et d’excès est hélas assez classique. Je n’y entrerai pas. 

Quelle est la nature du risque terroriste en France ?
Le plus préoccupant aujourd’hui, c’est le terrorisme d’origine islamiste. Il représente une menace réelle et constante, pas plus importante que dans d’autres pays, mais pas moins. Nous devons veiller en permanence. C’est ce que font les services de renseignements. Grâce à leur efficacité, en 2008, nous avons démantelé plusieurs réseaux représentant de réels dangers. Ces réseaux ont notamment des liens avec Al-Qaïda au Maghreb.

Vers quelle piste s’oriente l’enquête après la découverte d’explosifs au magasin le Printemps ?
Nous avions rapidement repéré deux personnes. Cette piste s’est révélée fausse. Les enquêteurs ont des empreintes ainsi que les images des caméras vidéo dans et aux alentours du magasin. Leur exploitation représente de longues heures de travail. Compte tenu de la nature de ces explosifs (NDLR : des bâtons de dynamite en mauvais état) et de l’absence de système de mise à feu, le ou les auteurs de cet acte n’avaient apparemment pas l’intention de causer des dégâts ou de faire des victimes. Ils n’en doivent pas moins être identifiés et déférés à la justice.

Envisagez-vous de renforcer le dispositif de sécurité pour le réveillon du Nouvel An ?

Sept mille hommes vont être déployés en plus du dispositif mis en place pour Noël. Deux mille gendarmes et policiers supplémentaires renforceront les villes et banlieues de Paris, Lyon, Marseille et Strasbourg, traditionnellement visées par les incendies de voitures.

La cour d’appel de Paris a décidé le maintien en détention de Julien Coupat, suspecté dans l’affaire des sabotages de caténaires…

Je ne commente pas une décision de justice. Mon rôle, c’est d’abord de protéger les Français et d’empêcher que des actes dangereux soit commis. Il y a eu une série d’attentats contre la SNCF. J’emploie moi-même le mot attentat qui décrit un fait objectif. Des personnes suspectées d’en être les auteurs ont été interpellées, déférées à la justice, mises en examen. Il y a un déséquilibre entre ce que disent les personnes suspectées et leur entourage, qui s’expriment beaucoup en essayant de minimiser les faits ou les rôles, et ce que je sais du dossier. Mais il y a une instruction en cours, je ne peux donc pas en parler.

Selon vous, il n’y a pas un recentrage sur les politiques du gouvernement pour lutter contre la crise ?

Non. La crise implique une mobilisation de tous les moyens pour trouver des solutions. Pour autant, la réponse à la crise n’est pas l’immobilisme. Si notre pays a été touché de façon moins forte que d’autres, si, contrairement à l’Allemagne, nous ne terminons pas l’année en récession, c’est parce que certaines réformes ont été engagées dès l’été 2007. Et nous avons absolument besoin de continuer à moderniser notre pays.

L’UMP n’a pas été très active ces derniers mois. La nomination de Xavier Bertrand à la tête du parti va-t-elle changer les choses ?
Oui, je pense qu’il va y avoir de grands changements. Pour les militants, qui se sont beaucoup investis dans la campagne présidentielle, il y a eu après l’élection de Nicolas Sarkozy à l’Elysée une sorte de déprime post-accouchement. C’est un moment où ils ont besoin que l’on soit beaucoup présent à leurs côtés. Xavier Bertrand aura la disponibilité pour les remotiver. Et je sais qu’il en a l’envie. Ce qui est aussi indispensable, c’est de relancer les débats au sein de l’UMP, comme je l’avais fait lorsque j’étais présidente du RPR.

Craignez-vous le remaniement annoncé pour janvier ?

Un remaniement, c’est une décision du chef de l’Etat. Il n’y a ni à l’espérer, ni à le redouter. Quand on a la chance et l’honneur d’être ministre, on exerce sa mission jusqu’au terme décidé par le président. Il faut d’ailleurs faire la différence entre un ajustement, pour remplacer quelques personnes dans un cas comme le départ de Xavier Bertrand, et un remaniement, qui correspond à une volonté d’impulser une nouvelle politique, un nouveau cap, avec ou sans remplacement du Premier Ministre.

Ambitionnez-vous toujours Matignon ?

On n’ambitionne pas Matignon, comme vous dites. A un certain niveau de responsabilité, on doit être prêt dans tous les domaines à faire face aux missions que l’on pourrait se voir confier. Aujourd’hui, je suis ministre de l’Intérieur, c’est une mission passionnante que j’essaie de remplir le mieux possible

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