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31/10/2008

Michèle ALLIOT MARIE : « Je veux rapprocher l'administration du citoyen »

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Entretien paru dans Sud Ouest du 31 Octobre

Auteur : Propos recueillis par Frank De Bondt

« Sud Ouest ». À partir de demain, la Charente-Maritime doit expérimenter le dispositif de dépôt de préplainte en ligne, que vous souhaitez ensuite généraliser. Quel est l'intérêt de ce nouveau service ?

 

Michèle Alliot-Marie. Je veux rapprocher l'administration du citoyen dans tous les domaines qui relèvent de mon ministère. Les Français se plaignent souvent, à juste titre, de la longueur des démarches et de l'obligation de se déplacer pour accomplir certaines formalités. J'ai donc souhaité qu'on utilise les nouvelles technologies, dès lors qu'elles constituent un progrès ou une simplification pour l'usager. Ce sera le cas pour le dépôt de plainte.

 

Aujourd'hui, le citoyen doit se rendre au commissariat ou à la gendarmerie et patienter avant d'être reçu, lorsque la raison de sa venue ne présente pas de caractère d'extrême urgence. Avec le prédépôt de plainte en ligne, une personne victime d'un vol ou d'une atteinte aux biens pourra, depuis tout ordinateur, déclarer ce qui lui est arrivé et donner les renseignements nécessaires en les adressant au commissariat ou à la gendarmerie de son choix. En retour on lui indiquera, par e-mail ou par téléphone, que sa préplainte est bien enregistrée, et un rendez-vous lui sera fixé conformément à ses disponibilités. La victime, en s'y rendant, pourra ainsi rencontrer sans délai celui qui aura préparé la plainte, et la modifier le cas échéant avant de la signer.

 

Il y a donc à la fois simplification et accélération des procédures.

 

Les défenseurs de la départementalisation des plaques d'immatriculation viennent d'obtenir gain de cause. Pourquoi avez-vous changé d'avis ?

 

La réforme initiée en 2005 présente beaucoup d'avantages pour les forces de l'ordre qui recherchent un véhicule volé ou un délinquant, et d'économies pour les usagers qui ne seront plus obligés de changer leur carte grise lorsqu'ils changeront de domicile. Elle prévoyait la possibilité, mais non l'obligation, de faire figurer un numéro de département. À l'époque, je m'étais posé des questions sur cette possible disparition. Quand les parlementaires et les élus ont commencé à réagir, cet été, le système était largement en route. Mais j'ai souhaité l'aménager dans la mesure du possible.

 

La référence au département pourra-t-elle changer en fonction du propriétaire ?

 

Il faut distinguer sur la plaque le numéro d'immatriculation lui-même et les mentions qui le complètent. Grâce à cette combinaison nous pouvons conserver les avantages du système, tout en répondant aux voeux des élus et des Français en conservant l'identification départementale.

 

J'ai donc décidé de rendre obligatoire, et non plus facultative, la référence au département. Je garde à chaque propriétaire la possibilité de choisir le département, qui ne sera plus nécessairement celui de sa résidence principale. Cela introduira un peu d'humanité dans le système.

 

« La Marseillaise » a été sifflée lors du match France-Tunisie. Les stades de football posent aujourd'hui d'énormes problèmes de violence, de racisme...

 

Pour qui connaît l'ambiance bon enfant du rugby, la violence et le rejet de l'autre lors de certains matchs de football sont choquants, à l'opposé des valeurs du sport. Lorsque j'étais ministre de la Jeunesse et des Sports, j'avais fait voter la première loi anti-hooligans créant les interdictions de stade. Aujourd'hui pas plus qu'hier je ne tolérerai que de petits groupes véhiculant de la haine viennent gâcher ce qui doit être une fête. J'ai déjà dissous certains groupes de supporteurs agressifs ou racistes. Je recommencerai sans aucune hésitation. Avec les présidents de clubs, nous sommes convenus d'installer dans les stades des caméras de haute précision, afin d'identifier les fauteurs de troubles. La saison dernière, il y a eu 305 interdictions de stade. Un fichier des interdits a été mis en place. Dans la prochaine loi d'orientation pour la sécurité intérieure, j'ai prévu l'aggravation des peines, et notamment la possibilité de doubler la durée des interdictions de stade.

 

La rumeur dit que vos relations avec Nicolas Sarkozy sont assez tendues...

 

Non. Ces rumeurs n'affectent en rien les relations personnelles que nous pouvons avoir, pas plus que nos relations dans le travail. J'apprécie beaucoup l'autonomie dont je dispose, car c'est aussi une marque de confiance. Et je rappelle aux mauvaises langues qu'à plusieurs reprises le président m'a publiquement félicitée pour les réformes que je conduis dans ce ministère qu'il connaît bien et pour les résultats que j'ai obtenus.

 

À quels résultats songez-vous ?

 

À la baisse très sensible de la délinquance, notamment de la délinquance de proximité, à laquelle nos concitoyens sont le plus sensibles. Les objectifs qui m'ont été fixés sont en passe d'être atteints bien avant l'échéance prévue. En matière d'élucidation, nous avons de très bons résultats, avec un taux de près de 38 %. Je rappelle qu'en 2001 c'était moins de 25 %, 34,33 % en 2006 et 36,11 % en 2007. Pour les crimes, ce taux est plus que doublé, en particulier grâce à la police technique et scientifique. Une de mes priorités est donc d'en faire une police scientifique de masse, applicable à l'ensemble des délits.

 

Craignez-vous de perdre votre portefeuille à la faveur d'un remaniement ?

 

Depuis six ans et demi que je suis ministre, tous les mois des journalistes annoncent mon départ. Un vieux proverbe chinois dit qu'il faut toujours agir comme si ce jour était le dernier de votre vie et en même temps faire des projets comme si vous étiez éternel...

 

 

 

 

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