18/09/2007
Tribune de Patrick OLLIER
La question du pouvoir d'achat est délicate. Il y a un écart entre ce que dit l'Insee de l'évolution du panier de la ménagère et les augmentations que ressentent les consommateurs. Je reconnais ensuite qu'il y a des produits qui ont plus augmenté que d'autres, comme la baguette de pain. Mais là, il faut s'interroger. Pourquoi les artisans ne répercutent-ils pas la baisse des prix des matières premières quand celles-ci baissent et en revanche répercutent toujours les hausses ? Nous allons devoir faire de la pédagogie auprès des artisans et des commerçants. Cela étant, je pense que ce qui manque dans notre pays c'est du salaire, et les entreprises doivent faire des efforts en la matière, comme l'a demandé le président de la République.
Faut-il revaloriser la prime pour l'emploi (PPE) ?
Pour moi, ce n'est pas une priorité car ce n'est qu'une petite partie de la solution au problème du pouvoir d'achat. On pourrait parler aussi de l'actionnariat salarié et de la participation, par exemple.
Christine Lagarde souhaite interdire les stock-options dans les entreprises qui n'auraient pas conclu d'accord de participation ou d'intéressement. Qu'en pensez-vous ?
Cela va dans le bon sens. Cela permet d'étendre l'actionnariat salarié. Il n'y a pas de raison que seules quelques personnes dans une entreprise bénéficient aujourd'hui d'une facilité exorbitante du droit commun. Mais je voudrais aller plus loin et trouver une solution pour les petites entreprises. Après la discussion budgétaire, je proposerai un groupe de travail pour faire des propositions concrètes pour qu'un système de participation soit généralisé à toutes les entreprises.
Le président de la Cour des comptes propose que les plus-values des stocks-options soient soumises à cotisations sociales. Partagez-vous cette opinion ?
Effectivement, plusieurs milliards d'euros n'ont pas été perçus. Quand on parle de solidarité, de justice sociale, cela ne me choque pas que les stocks-options, qui s'inscrivent dans un cadre spéculatif, soient soumises à cotisations. En revanche, je ne suis pas favorable à ce qu'il en soit de même pour les primes d'intéressement ou les chèques-restaurant. Nicolas Sarkozy veut un nouvel assouplissement des 35 heures.
Faut-il une nouvelle loi ?
J'ai présidé la mission d'information sur les 35 heures. Dans le rapport final, la conclusion s'imposait qu'il fallait privilégier l'accord d'entreprise plutôt que l'accord de branche, pour permettre à ceux qui le souhaitent de travailler plus et aux autres de rester à 35 heures. C'est dans cette direction qu'il faut aller aujourd'hui. Des assouplissements existent déjà pour permettre des accords d'entreprise dérogatoires aux accords de branche. Il faut aller plus loin, ce qui suppose une modification législative.
Souhaitez-vous laisser les partenaires sociaux adapter la durée du travail à la situation des branches et des entreprises ?
Je suis favorable à ce que l'on garde la durée légale à 35 heures, à condition que les Français qui le souhaitent puissent travailler davantage. On en revient à des accords au plus près des salariés : l'entreprise !
Que préconisez-vous sur la réforme du contrat de travail ?
Je suis pour le contrat de travail unique et la séparation à l'amiable. J'ai soutenu le contrat nouvelle embauche. Je ne sais pas si les partenaires sociaux parviendront à un accord sur cette réforme car certains syndicats ont une vision archaïque des choses. Ils apparaissent comme une force conservatrice plutôt qu'une force de progrès. Nous devons profiter de l'"élan Sarkozy " pour faire avancer les choses.
Le gouvernement a reporté sa décision sur la TVA sociale. Qu'en pensez-vous ?
C'est une sage décision. La TVA sociale est un bon système puisqu'il permet d'alléger les coûts de production. Mais à condition que chacun joue le jeu et qu'il n'y ait pas d'augmentation des prix. Or la concurrence en France ne garantit pas ce scénario. La TVA sociale risque donc de conduire à une hausse des prix. C'est pourquoi le gouvernement a raison de se donner le temps de la réflexion et de la pédagogie avant l'expérimentation !
Un autre sujet divise les députés UMP : l'ouverture des magasins le dimanche. Quelle est votre position ?
Mes administrés de Rueil-Malmaison m'ont confié qu'ils aimeraient bien faire leurs courses le dimanche mais que cela ne les ferait pas consommer davantage. En ce cas, cela n'aurait pas d'impact sur la croissance. Je me bats depuis des années pour défendre les commerces de proximité et le commerce de centre-ville. Je ne suis donc pas favorable à ce que l'on étende les dérogations pour permettre aux grandes surfaces d'ouvrir le dimanche.
14:00 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : UMP, mam, le chene
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